Le vieux château d’Orbais

Au XIVème siècle, l’invasion anglaise va engendrer de nombreux dégâts sur l’abbaye d’Orbais. Un siècle après la reconstruction du domaine de l’abbatiale, la guerre de cent ans va plonger notre village dans la terreur. Vers 1420, la nef qui compte alors huit travées, ainsi que sa façade aux trois portails ornés de sculptures, vont subir des transformations et des ré-aménagements. C’est ainsi qu’on procédera à la fortification des deux tours de la façade, ce qui lui donnera par la suite le nom de vieux château. Cette époque trouble et douloureuse aura conduit ses habitants à modifier ce joyaux gothique du XIIIème siècle en l’ornant de meurtrières pour se défendre. La destruction du vieux château fut ordonnée en 1810. Décision qui, il y a deux cents ans amputa la moitié de notre église abbatiale d’Orbais, son cloître, une partie de ses bâtiments conventuels, de l’église de Saint Prix et la division de ses jardins.

Saint Réole et Orbais

Saint Réole devenu veuf vers 662, il rejoint l’Abbaye d’Hautvillers pour devenir moine. Il est nommé évêque de Reims en 669 à la mort de Saint Nivard, et meurt en septembre 695 après 26 ans de gouvernance en l’église de Reims. Devenu saint, ses reliques disposées à Orbais, font déplacer en nombre les pèlerins qui prient  Réole en quête de guérison. De nos jours les reliques de saint Réole mais aussi de Saint Prix ne trônent plus en l’église d’Orbais l’Abbaye. Suite à des actes de vandalisme commis en 2005,  il ne reste plus qu’une côte du saint en l’église d’Ambonnay.

Avant d’arriver au trône pontifical, il avait été marié a la fille de Childéric; c’est vous dire le haut rang que tenait dans l’état Réole, que quelques chroniques disent avoir porté le titre de comte de Champagne. Un fait d’une grande gravité pèse sur la mémoire de notre Saint. -Vers 680, du temps d’Ebroïn, maire du palais, gouvernait sous le nom du faible Thierry, Engilbert de Paris et Réole de Reims, furent députés vers Martin d’Austrasie, vaincu par Ebroïn,  et réfugié dans les murs imprenables de Laon. Revêtus en apparence du caractère sacré de ministres de paix, les deux évêques partent du camp, précédés des châsses des saints, gages certains de leur bonne foi. Reçus  avec honneur à Laon,  ils jurent à Martin qu’il ne leur sera fait aucun mal, s’il veut se rendre près d’Ebroïn pour traiter de la paix: Martin crédule sort de Laon, et tombe soudain sous le fer des assassins. -Engilbert et Réole se prétendirent absous de leur parjure, parce que, disaient-ils, ils avaient ôté les reliques des châsses. -Depuis, Réole expia ce crime par la fondation du monastère d’Orbais, et les heures de pénitence qu’il passa dans la tour que vous avez sous les yeux. (tour St Réole)   extrait de la chronique de Champagne par Henri Fleury

Le cloître de l’Abbaye d’Orbais

En visitant l’abbaye d’Orbais, il vous faudra faire preuve d’imagination pour admirer le cloître bâti fin XVIIème qui reliait l’église à ses bâtiments conventuels. En effet, seul subsiste aujourd’hui une petite partie qui vient d’être rénovée. Nous aurions aimé que Louis Courajod soit né plus tôt, car seul l’église abbatiale, la chapelle Saint Réole, la tour Saint Réole, un trumeau peint et son ensemble de menuiserie du XVIIIème sont classés monuments historiques. Nous savons que le moyen le plus sûr de sauvegarder un tel édifice est de le conserver dans son ensemble. Morcelée année après année, nous ne pouvons que regretter la disparition d’une part importante de notre abbaye.

élément du cloître de l'Abbaye d'Orbais

L’enseignement monastique d’Orbais

La réforme de l’enseignement, conduite par Charlemagne au IXème siècle, va favoriser l’expansion des sept arts libéraux dans l’ensemble de l’Europe. Les écoles monastiques  transcrivent et étudient le Trivium et le Quadrivium. A cette époque, les moines voyagent et échangent leurs connaissances sur tout le territoire carolingien.

Les arts libéraux trouvent leur origine dans le monde antique. Ils furent codifiés en tant que tels par des auteurs de l’antiquité tardive comme Varron ou Martianus Capella et devinrent la structure usuelle de la connaissance médiévale. Les arts libéraux se divisaient en « trivium » et « quadrivium ». Le trivium était la partie « littéraire » de la connaissance, s’organisant en grammaire, rhétorique et logique. Le quadrivium était la partie scientifique : arithmétique, géométrie, astronomie, musique. Le quadrivium se fondait sur la division des mathématiques des Pythagoriciens. Bien que ne faisant pas partie des arts libéraux, la philosophie finit par être considérée comme le domaine de la connaissance qui englobait tous les autres. Une hiérarchie émergea au sein des arts : le trivium était le premier niveau, les mathématiques le niveau intermédiaire alors que les sciences représentaient le niveau supérieur. Cette hiérarchie déterminait aussi le cursus des études, menant les élèves du trivium aux domaines scientifiques.

les sept arts libéraux

Restauration des batîments conventuels de l’Eglise d’Orbais l’Abbaye

C’est en octobre 2005, que M. Pilard Jean-Michel et sa femme Valérie, ont pris la décision d’entreprendre la restauration d’une partie des bâtiments conventuels de l’Abbaye d’Orbais. A cette date, ils se sont portés acquéreurs de trois des travées de l’édifice. Ce vaste chantier a été confié à l’architecte du patrimoine Stéphane Berhault. Après une analyse structurelle détaillée, la première tranche de travaux a pu commencer : elle a consisté à forer le bâtiment de part en part pour y installer des ancrages et des tirants. La restauration du patrimoine est une histoire de cœur : M. Pilard développe en partie ce projet grâce à la vente de ses sculptures, ce qui rajoute un sens particulier à cette entreprise.