Le calvaire de Montrabault

Cela faisait  une trentaine d’années que la croix de Montrabault avait disparu, il était urgent d’intervenir, car après tant d’années, la nature avait complètement effacé ses traces : l’ouvrage en bois n’était plus, le socle de pierre était recouvert par de la terre et des broussailles. Grâce aux témoignages des habitants, nous avons pu retrouver son emplacement initial, et après quelques heures de travail, le calvaire fut retrouvé. Il ne restait plus qu’à confectionner la nouvelle croix. Pour cela, une poutre de l’ancien bâtiment conventuel, datant du XVIIème siècle, nous fut offerte.  Sous une pluie battante, elle fut dressée sur son embase le premier jour du printemps de l’année 2010.

Témoignage de la ferveur des hommes, ce calvaire symbolise également ce lieu qui fut au Moyen-âge l’un des faubourgs de cette ville, et redevient aujourd’hui un passeur de mémoire.

Patrimoine en danger

L’église abbatiale d’Orbais comme beaucoup d’édifices médiévaux, témoigne de la splendeur et du savoir-faire de l’architecture de notre pays. Vecteur de tourisme, le patrimoine bâti est un joyau qui fait de nos villes et de nos campagnes l’une des premières destinations touristiques au monde. Et pourtant, la sauvegarde des monuments français n’est pas équitable : les cathédrales font l’objet des plus grands soins, alors que des centaines de monuments plus modestes sont en péril. L’abbaye d’Orbais en est un exemple : ses voûtes et ses transepts présentent d’importantes fissurations et de nombreuses infiltrations d’eau. Les problèmes de structure sur ces bâtiments sont courant et s’amplifient avec le temps, il devient alors plus difficile  et surtout plus coûteux d’intervenir. Combien de bâtiments devrons nous voir détruits, avant qu’une politique de sauvegarde et de restauration sérieuse soit mise en place dans notre pays.

La piscine de l’église d’Orbais

Cette piscine est située dans l’une des chapelles rayonnantes de l’église d’Orbais, il est rare que le visiteur remarque cet élément de la liturgie catholique, qui pourtant tient une place importante dans la cérémonie de l’eucharistie. En effet, l’eau provenant de l’ablution ne peut être jetée, elle est donc déversée dans la piscine, et retourne à la terre, représentant ainsi la symbolique chrétienne.

Crime à l’abbaye d’Orbais

L’abbaye d’Orbais ne cesse d’alimenter notre imaginaire : son histoire et ses légendes, retranscrites au fil des siècles tant par l’écrit que par la tradition orale, constituent aujourd’hui un trésor pour les passionnés que nous sommes. Toutefois, il est une énigme que nul les livres ni les récits locaux ne mentionnent. C’est dans le cœur de l’église que vous trouverez les stalles offertes par Louis de Bourbon. Sur l’une d’elle, on peut voir les traces d’un corps, celles d’un dos sur le dossier, de fesses sur l’abattant, des traces de feux sur les jouées. Est-il possible que l’on ait pu brûler un homme dans l’église abbatiale ? Le personnage sculpté sur la miséricorde a été effacé : Pourquoi ? C’est la seule sculpture manquante de l’ensemble. Je ne pourrais répondre à cette question,  mais cette énigme mériterait que l’on s’y intéresse d’avantage.

stalle

Louis Courajod dans l’histoire d’Orbais l’abbaye

Louis Courajod est né à Paris en 1841, historien d’art, conservateur au musée et professeur à l’école du Louvre, il se passionna pour l’art gothique. De parents Orbaciens, il passa sa jeunesse près de l’abbaye d’Orbais, pour laquelle il consacra ses premiers travaux, dont une étude sur le pavage de l’église abbatiale. Il fut l’un des premiers à se battre avec Prosper Mérimée pour la sauvegarde du patrimoine et fit classer l’abbaye d’Orbais, monument historique. Suite a un projet de la ville de Paris de captage des eaux du Surmelin, il entreprit de faire l’inventaire de l’industrie dans la vallée au moyen âge, ce qui mit en lumière le rapport étroit qui liait l’environnement, l’économie et le patrimoine. Nous pouvons remercier aujourd’hui l’homme de culture, qui de part sa générosité et son amour pour le village d’Orbais, permit de sauvegarder notre patrimoine et notre identité.


hommage à Louis Courajod

Le vieux château d’Orbais

Au XIVème siècle, l’invasion anglaise va engendrer de nombreux dégâts sur l’abbaye d’Orbais. Un siècle après la reconstruction du domaine de l’abbatiale, la guerre de cent ans va plonger notre village dans la terreur. Vers 1420, la nef qui compte alors huit travées, ainsi que sa façade aux trois portails ornés de sculptures, vont subir des transformations et des ré-aménagements. C’est ainsi qu’on procédera à la fortification des deux tours de la façade, ce qui lui donnera par la suite le nom de vieux château. Cette époque trouble et douloureuse aura conduit ses habitants à modifier ce joyaux gothique du XIIIème siècle en l’ornant de meurtrières pour se défendre. La destruction du vieux château fut ordonnée en 1810. Décision qui, il y a deux cents ans amputa la moitié de notre église abbatiale d’Orbais, son cloître, une partie de ses bâtiments conventuels, de l’église de Saint Prix et la division de ses jardins.

Calvaires et croix chrétiennes

Édifice érigé  en la mémoire de la passion du Christ, le calvaire se compose en sa base d’un rocher pour les plus primitifs, ou d’un socle de pierre surmonté d’une croix chrétienne, symbolisant ainsi la colline se situant près de Jérusalem, lieu saint de la crucifixion de Jésus de Nazareth. Ces lieux de processions et de pèlerinages pour certains, furent souvent bâtis par la communauté catholique , mais aussi par des familles prouvant ainsi leur foi et leur compassion.

Le calvaire de Courcemont

Non loin d’Orbais, se dresse sur un rocher de meulière, le calvaire de Courcemont. Ce témoignage du passé rend hommage à  l’un des  moines de l’Abbaye d’Orbais enlevé par les Hongrois. Hucbold, pendant sa captivité, reçut plusieurs flèches de ses ravisseurs qui vinrent se briser sur son corps, et les coups portés par les épées des Hongrois ne purent atteindre le moine. Il fût libéré par la suite lorsqu’un évêque payât sa rançon. Lieu de prière, hommage rendu au miracle, le calvaire de Courcemont témoigne aujourd’hui encore, de la foi d’Hucbold.

Calvaire de Courcemont

Châsses et reliquaires

Au Moyen-Âge, la châsse ou fierté était censée représenter le cercueil et renfermait les ossements d’un saint , elle était la dernière étape de la canonisation. Disposée au sein de l’église, elle permettait aux fidèles et aux pèlerins de venir se recueillir et de prier les saintes reliques. La châsse pouvait être aussi emmenée en procession à travers la ville pendant les périodes d’épidémies , de famines, de guerres, attirant ainsi les bonnes grâces du saint concerné. A Orbais, les châsses de saint Réole et de saint Prix furent disposées dans l’église abbatiale, mais ont été remplacées par de petits reliquaires ne conservant qu’une partie des ossements.

châsse de saint Martin

Saint Réole et Orbais

Saint Réole devenu veuf vers 662, il rejoint l’Abbaye d’Hautvillers pour devenir moine. Il est nommé évêque de Reims en 669 à la mort de Saint Nivard, et meurt en septembre 695 après 26 ans de gouvernance en l’église de Reims. Devenu saint, ses reliques disposées à Orbais, font déplacer en nombre les pèlerins qui prient  Réole en quête de guérison. De nos jours les reliques de saint Réole mais aussi de Saint Prix ne trônent plus en l’église d’Orbais l’Abbaye. Suite à des actes de vandalisme commis en 2005,  il ne reste plus qu’une côte du saint en l’église d’Ambonnay.

Avant d’arriver au trône pontifical, il avait été marié a la fille de Childéric; c’est vous dire le haut rang que tenait dans l’état Réole, que quelques chroniques disent avoir porté le titre de comte de Champagne. Un fait d’une grande gravité pèse sur la mémoire de notre Saint. -Vers 680, du temps d’Ebroïn, maire du palais, gouvernait sous le nom du faible Thierry, Engilbert de Paris et Réole de Reims, furent députés vers Martin d’Austrasie, vaincu par Ebroïn,  et réfugié dans les murs imprenables de Laon. Revêtus en apparence du caractère sacré de ministres de paix, les deux évêques partent du camp, précédés des châsses des saints, gages certains de leur bonne foi. Reçus  avec honneur à Laon,  ils jurent à Martin qu’il ne leur sera fait aucun mal, s’il veut se rendre près d’Ebroïn pour traiter de la paix: Martin crédule sort de Laon, et tombe soudain sous le fer des assassins. -Engilbert et Réole se prétendirent absous de leur parjure, parce que, disaient-ils, ils avaient ôté les reliques des châsses. -Depuis, Réole expia ce crime par la fondation du monastère d’Orbais, et les heures de pénitence qu’il passa dans la tour que vous avez sous les yeux. (tour St Réole)   extrait de la chronique de Champagne par Henri Fleury